Mécanique & technique

Dossier entretien : surveiller la transmission finale moto

Par Maxime , le 19 novembre 2012 , mis à jour le 13 décembre 2018 - 9 minutes de lecture

Sur une moto, il est capital pour sa longévité de veiller à l’entretien régulier de la transmission finale. À défaut de cette surveillance, la poussière et la pluie, responsables de la crasse qui s’accumule au fil des kilomètres, accélèreront l’usure de votre kit chaîne. Voici donc quelques conseils et astuces afin de lui assurer une durée de vie aussi longue que possible.

Si le nettoyage et la bonne lubrification de la transmission secondaire sont donc garants d’une longévité accrue, il ne faut pas non plus perdre de vue que la chaîne, le pignon de sortie de boîte de vitesses et la couronne sont en permanence soumis à rude épreuve : accélérations et décélérations permanentes le feront ainsi souffrir et ce d’autant plus si votre style de conduite est agressif, si le couple de votre moteur est important ou s’il est délivré de façon brutale. Pour maximiser la durée de vie d’un kit chaîne, il faut donc aussi régulièrement que possible respecter les trois règles que sont son nettoyage, sa lubrification et sa tension.

Le nettoyage : une opération obligatoire !

Au fil des kilomètres, beaucoup d’éléments extérieurs agressent donc la transmission secondaire. Une erreur consiste à penser qu’il suffit de lubrifier – et de manière abondante – cette transmission à l’aide d’une bombe de graisse spéciale pour se passer de son nettoyage, mais procéder ainsi revient en fait à accélérer l’usure de la transmission. En effet, les graisses dédiées à la lubrification des chaînes de motos sont très adhérentes si bien que la crasse s’accumule peu à peu pour former une sorte de « pâte » extrêmement abrasive.

Cette pâte se régalera alors à attaquer les joints toriques et le rouleaux de la chaîne et, par voix de conséquences, le pignon de sortie de boîte et la couronne. Bref, il faut donc nettoyer soigneusement la transmission avant de la lubrifier. Pour cela, proscrire tous détergents, lesquels adorent s’en prendre aux joints toriques, et proscrire également l’usage d’un nettoyeur à haute pression ou à vapeur. Avec ces derniers, de l’humidité peut s’immiscer derrière les joints toriques et venir ainsi altérer le pouvoir du lubrifiant qui est stocké entre les axes et les rouleaux.

Le meilleur produit nettoyant est incontestablement le pétrole désaromatisé que l’on trouve en station service ou en grande surface. Bien sûr, des produits spéciaux et très efficaces existent pour cet usage, mais le rapport efficacité / prix du pétrole est imbattable. Il suffit alors de l’appliquer avec un pinceau tout le long de la chaîne (en ayant au préalable pris soin de disposer un morceau de carton sous la chaîne afin de protéger le sol des souillures) puis d’essuyer soigneusement la chaîne avec du papier absorbant et, enfin, de la laisser sécher avant de procéder à sa lubrification. Mais avant d’en arriver là, il faut aussi déposer le carter de protection du pignon de sortie de boite de vitesses car derrière celui-ci, vous allez découvrir un endroit où la crasse a pris un malin plaisir à s’accumuler. Là encore, pinceau, pétrole désaromatisé et chiffon absorbant seront vos amis. Et tant que vous serez là, profitez-en pour contrôler que le pignon de sortie de boite est correctement fixé (vis, rondelle-frein).

Attention à la tension !

S’il est un paramètre tout aussi important pour le fonctionnement correct et pour la longévité de la transmission secondaire, c’est bien celui de la tension de la chaîne. Mais là, attention car si cette opération ne nécessite pas forcément de grosses compétences en mécanique, il faut néanmoins procéder avec méthode et, surtout, avec précision tout en respectant scrupuleusement les consignes données par le constructeur de votre véhicule. De plus, on ne procède pas de la même façon suivant que la machine est équipée d’un bras oscillant classique ou d’un mono-bras, de même qu’il existe plusieurs dispositifs de tension : platines « poussées », platines « tirées », système par excentriques, etc. De plus, cette opération requiert le desserrage de l’axe de roue (ou, dans le cas d’un monobras, des vis de serrage du moyeu) et le moindre oubli durant cette opération peut se révéler catastrophique. Nous vous conseillons d’autant plus de faire appel à un professionnel pour cette opération que la tension d’une chaîne doit être effectuée de façon précise. En effet, non seulement le risque est grand de soit trop tendre la chaîne (problème très fréquent, mais aussi dangereux, voir ci-dessous ), soit pas assez. Mais surtout, vous pouvez aussi très facilement désaligner la roue !

Lorsque la chaîne est détendue, elle va non seulement s’user rapidement, mais elle risque aussi de « taper » contre le bras oscillant à la coupure et à la remise des gaz, et donc abîmer celui-ci. Ce problème est facilement identifiable en selle, puisque la transmission devient alors très bruyante. La pire situation concerne donc la tension excessive de cette chaîne. Si les constructeurs donnent une flèche à respecter, c’est avant tout parce que la chaîne va « naturellement » se tendre lorsque la suspension arrière se comprime, c’est-à-dire soit lors du passage sur une bosse, soit lors du transport d’un passager. Or, si la flèche de la chaîne n’est pas respectée, elle risque alors de se tendre de façon brutale au risque de casser net et là, le danger est bien réel.

Même sans aller jusqu’à cet extrême, une chaîne de transmission trop tendue va aussi « tirer » sur les roulements de l’arbre secondaire de la boîte de vitesse ainsi que sur les roulements de la roue arrière, ce qui entraînera alors une usure prématurée de ces derniers voir, là encore, la casse avec les conséquences désastreuses que cela peut avoir (blocage de la roue arrière par exemple). Vous l’avez compris, aussi anodine qu’elle puisse paraître, l’opération de tension de la chaîne doit malgré tout être effectuée avec le plus grand soin. C’est pourquoi nous ne pouvons que vous conseiller de vous en tenir aux opérations de nettoyage et de lubrification et de confier l’opération de tension aux mains d’un professionnel.

Lubrifier comme il faut !

Si la chaîne de transmission finale comporte des joints toriques, c’est parce qu’elle est déjà lubrifiée, du moins entre ses axes et ses rouleaux. Les joints empêchent ainsi la « graisse » de s’échapper et c’est pourquoi il est nécessaire que ceux-là gardent leur élasticité. Pour les lubrifier, vous pouvez utiliser une bombe de lubrifiant spécifiquement dédié que vous allez pulvériser de chaque côté de la chaîne, entre les plaques externes et internes des maillons, là où, précisément, se trouvent les joints toriques.

Pour assurer une bonne lubrification de ces joints, il faut pulvériser la graisse aussi bien sur la face interne (côté bras oscillant) que sur la face externe de la chaîne. Pour cela, l’idéal est de pouvoir faire tourner la roue arrière à la main avec la moto posée soit sur sa béquille centrale, soit sur une béquille d’atelier. Diriger ensuite l’embout de la bombe de lubrifiant vers le pignon de sortie de boîte de vitesses et faites tourner la roue arrière doucement en pulvérisant par petites pressions successives. Ne mettez pas trop de lubrifiant, cela ne sert à rien.

Ensuite, il faut aussi penser à lubrifier les rouleaux qui entrent en contact direct avec la couronne de transmission et le pignon de sortie de boîte. Là encore, il ne faut pas mettre trop de lubrifiant mais préférer répéter cette opération de lubrification périodiquement (ainsi que celle de nettoyage). En fait, plus vous procéderez à ces opérations à fréquence rapprochée, moins l’opération de nettoyage sera fastidieuse et plus votre transmission finale durera dans le temps. Petite précision d’importance, et bien que cela semble évident, faites bien attention à ne pas pulvériser de lubrifiant sur votre pneumatique.

Le changement, c’est maintenant !

Si vous constatez que votre chaîne doit être retendue de plus en plus souvent, ou si les systèmes de tension sont arrivés en butée, c’est que l’heure de remplacer la transmission finale est arrivée. Sans en arriver là, un autre contrôle consiste à tirer sur les maillons au niveau de la couronne de transmission : si vous parvenez alors à écarter la chaîne de sorte à découvrir la moitié des dents de la couronne, c’est qu’il est là encore temps de procéder au remplacement.

A ce stade, vous constaterez également que les dents de la couronne sont usées et même « couchées ». Il faut alors procéder au remplacement du « kit » chaîne, c’est-à-dire changer l’ensemble « pignon sortie de boîte – couronne – chaîne de transmission ». Ne changez jamais ces éléments de façon indépendante, ce qui ne ferait que détériorer encore plus rapidement la transmission. Là encore, préférez confier cette opération à un professionnel est une sage décision car il dispose non seulement du savoir-faire requis, mais aussi de l’outillage nécessaire pour le rivetage dans les règles de l’art de la chaîne.

Maxime

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